Neil Young : Hippie des temps modernes ?

Ecrit par Fanch

Good Music…

Il y a de cela quelques semaines Neil Young retirait des plateformes de streaming la majorité de son catalogue, exit son dernier album Monsanto Years, qui aura résisté 30 jours sur les Deezer et autre Spotify. Tout part d’une annonce faite sur son compte Twitter :

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Il a clairement décidé de retirer toute sa musique en expliquant que ces plateformes rémunèrent mal le travail des artistes. On pense bien entendu tout de suite à Taylor Swift qui a également fait parler d’elle ces dernières semaines en menaçant Apple de retirer ses albums avant de remporter son bras de fer. A croire que Neil Young n’a pas la même influence que la chanteuse canadienne puisque ses mots se sont soldés par un retrait pur et simple du catalogue du Loner, dans l’indifférence presque générale… Mais le combat de Neil Young va bien au-delà de la simple rémunération des artistes. Pour lui la qualité des morceaux proposés en écoute n’est pas à la hauteur de ses espérances, autrement dit le son proposé par ces plateformes est merdique. Tout ce foin sur la qualité sonore rappellera peut-être à certains le projet fou de Neil Young de créer un baladeur très haute-définition pour les audiophiles, pour ceux qui veulent redécouvrir les morceaux qu’ils aiment de la manière dont ils ont été pensés par les artistes, soit en qualité Master.On ne va pas rentrer dans des détails trop complexes, ci-dessous un graphique qui résume la différence entre les plateformes de streaming, le CD et Pono. Si dans un premier temps on se dit : « putain mais je passe peut-être à côté de quelque chose! » la réalité est un peu différente, à vous d’essayer de faire la différence à l’aveugle avec ce test. Le résultat peut être assez surprenant selon le matériel qu’on utilise mais on s’en remet, pas d’inquiétude.

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Le projet Pono avait rencontré un franc succès sur Kick Starter en rassemblant plus de $6 000 000 pour le développement du projet, aujourd’hui on retiendra que les titres sur le store dédié sont peu abordables, qu’il faut tout de même du matériel (enceintes, casques) de très bonne qualité pour en profiter et bien entendu qu’il n’est pas aisé de promener une énorme tablette de Toblerone dans sa poche.

…and Good Food !

Outre cette attaque frontale à la (relative) qualité « merdique » des plateformes de streaming, Neil Young revient avec un album visant directement Monsanto. Pour ceux qui vivent dans une grotte (et les autres) c’est le géant de l’agroalimentaire américain, pro-OGM. On pourra toujours louer à Neil Young cette position à contre-courant alors qu’aujourd’hui bien des artistes sont sponsorisés par des grandes marques plus ou moins proches de Monsanto.

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Cet album arrive après certains égarements de Neil : oui, on se souvient tous de l’album A Letter Home qu’il a enregistré dans ses toilettes avec son téléphone (ou avec du matériel des années 1940, le tout produit par l’excellent Jack White mais le résultat est malheureusement le même). On est bien loin du Harvest, qui reste une des plus grosses fessées folk pour nous, mais cela est un autre sujet. Cette fois-ci Neil Young embarque avec un nouveau groupe, exit le Crazy Horse qui l’a accompagné pendant des années en studio et sur scène, bonjour à Promise of the Real. L’enregistrement gagne en précision et se trouve une vraie direction. Même si le poids de l’engagement est là, la musique reste simple, directe et sans artifices. Voici 2 raisons totalement objectives d’y prêter au moins une oreille :

#1 C’est contre les OGM, et c’est bien

#2 C’est Neil Young quand même, bordel.

On vous conseille plus particulièrement d’écouter les chansons suivantes :

  • A Rock Star Bucks A Coffee Shop

Celle-ci ressemble presque à un classique de Neil Young, avec la fameuse formule guitare + sifflements au début. Ca reste très efficace jusqu’à ce que l’on arrive au refrain, à force de scander des Monnnnnn-sannnnnn-toooooooo (Let our farmers grow what they want to grooooooow) on va finir par croire qu’il leur ferait presque publicité. On comprend très bien le sens du titre, qui s’explicite parfaitement avec cette phrase :

Yeah, I want a cup of coffee but I don’t want a GMO

I like to start my day off without helping Monsanto

Il manque toutefois un petit solo pour parfaire ce morceau…

Si vous arrivez à mettre la main dessus (ce qui rend la chasse intéressante) on vous conseille également :

  • People Want To Hear About Love
  • Workin’ man
  • Monsanto Years

Bon, soyons honnêtes, il a peut-être un peu perdu les pédales le Neil. Est-il vraiment impossible de concilier les deux rêves de tout musicien : partager sa musique avec un maximum de personnes et la partager de la manière la plus juste qu’il soit ? Quoi qu’il en soit, pour se réconcilier avec lui il nous reste une solution, le voir en live (et là c’est la fessée assurée) !