Guts Le Bienheureux. Et Nous Aussi.

Ecrit par Kiwii
guts

Si je vous dit Alliance Ethnik ? Vous répondez « Simple & Funky » et « vive le Hip Hop des années 90 ». Mais saviez-vous que vous deviez ces deux assertions à un producteur de génie (plus que) toujours en activité ? Fabrice Henry, Guts, Gutsy Guts, est un type bien. Et pas seulement pour ce que l’on vient d’affirmer un peu plus haut, bien que ce serait déjà amplement suffisant. Lancé en solo depuis le milieu des années 2000 déjà, le beatmaker n’a rien perdu de son charme, ni ses mélodies de leur éclat.

La Vie C’est Pas Compliqué

Continuons dans les assertions. Guts lui-même nous y invitait il y a 10 ans déjà, en 2007 à travers son premier album solo intitulé Le Bienheureux. De cet album langoureux, cinématique, exploratoire, ressort le titre And The Living Is Easy, et la messe est dite. Nature, slow-motion, amour et beat frais. Mais surtout, le slow-motion, cette track étant la plus rythmée de l’album. Le Bienheureux, chaleureuse et solide ôde à la décroissance est dotée d’un sens de la narration et de l’enchaînement inégalable. Les instruments oscillent entre Jazz Parisien et guitare latine, à l’heure où le producteur quittait la capitale française pour s’installer à Ibiza.

Guts, Sampling As An Art

L’album Freedom confirme en 2009 ce penchant pour une construction résolument cinématique autour du sampling, tout en prenant en texture et en profondeur. Le patchwork de Paradise For All (2012), quant à lui, signe un retour vers le côté Funk de la force sur des titres comme Freedom (oui, c’est dur à suivre) et Back To The New School. Mais ce sont aussi de nouvelles affirmations du beatmaker de génie. Entre hommage à un collègue sur Mehdi In Paradise, et motivational fiesta sur Brand New Revolution.

Je me souviendrai personnellement toute ma vie de la première fois que j’ai entendu ce superbe titre. Et c’est sans surprise grâce à un set de Gilles Peterson que je dois ce moment. Après nous avoir fait voyagé 2h durant dans divers recoins de la planète, c’est avec ces trompettes victorieuses, ces chœurs fiers, cette guitare funk littéralement irrésistible, et le xylophone le moins niais du monde que Maître Peterson nous laissait, agars, heureux aux larmes.

Puis avec l’album Hip Hop After All en 2014, Guts se fait plaisir. Il réunit sa petite crème personnelle, et sert ses beats sur un plateau à quelques grands poètes underground contemporains.

Guts, c’est la signature musicale d’une « résistance » pacifique et triomphante. Une ligne de conduite intacte depuis Alliance Ethnik. C’est la recette d’une musique qui en a dans le crâne, sans jamais péter plus haut que ses fesses. Une musique qui, au delà de tous ces petits clins d’œil, n’a jamais rien voulu prôner d’autre que la bonne vieille triade « Peace, Unity, & Having fun ».