Tigresse #5 : Deena Abdelwahed

Ecrit par Kiwii
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Plongée envoutante dans l’univers de Deena Abdelwahed. Entre grondements du corps et envol de l’esprit, voyage sur de nouvelles terres aux sonorités Tunisiennes et électroniques.

Deena Abdelwahed et son tapis volant

Ca y est, on a enfin trouvé un relai à Acid Arab ! Les pauvres ont connu la rançon du succès et ont dû faire les honneurs de n’importe quelle soirée de près ou de loin arabisante durant ces 2 dernières années, en plus de grosses dates bien conséquentes comme le PITCH ou Astropolis. Voici venue une figure digne de prendre la relève, bien que portant une signature bien plus personnelle et introspective.

Découverte aux Transmusicales de Rennes qui se tenaient cette année du 1er au 4 Décembre, je me demande retrospectivement comment Deena Abdelwahed a pu échapper jusqu’ici à mon radar… Opérant un changement de décor total, car enchaînant seule et sans artifice sur une scène qui venait de voir se déchainer 12 rappeuses Islandaises en folie, cette Tunisienne nouvellement Toulousaine n’a pas déçu le contingent plus restreint qui était resté pour la découvrir.

Après avoir consciencieusement installé le tapis de sonorités qui marquent son univers avec à une track instrumentale, Deena entame une mélodie, et le voyage commence. Elle qui se dit plus geek que musicienne n’a pourtant absolument rien à envier en terme de timbre à nos champions Français (non, résister ne pas pointer du doigt). Les textures rebondissent, crissent, sa voix s’élance, s’allonge.

Un voyage hypnotique

Une fois plongé dedans, aucun doute possible : son univers est bien personnel et authentique. Sombre et grave dans l’ensemble, mais pas menaçant. Mystérieux, il invite à l’aparté. Si l’on ne connait pas l’arabe, inutile de tenter de chercher. Et pourtant, c’est comme si l’on pouvait faire dire à ces longs enchaînements de syllabes tout ce qu’on voulait. Comme s’ils étaient conçus pour ça. Pour l’imaginaire, le spontané. Comme s’ils étaient eux aussi, avec la musique, le voyage et non le message.

La voix de Deena s’étire, envoûte. Les rythmes oscillent toujours un peu plus du côté down qu’up tempo. Les envolées lyriques ne restent qu’un saupoudrage équilibré sur une musique chargée de sens. Une musique dansante, aux croisées de mondes que l’on peut se réjouir de voir enfin cohabiter avec aisance, avec brio, avec naturel. C’est un live grondant de sens, portant loin, loin au-delà de ses platines les ondes émanant de la personnalité de Deena.

Deena Abdelwahed est de ces artistes à qui l’ombre a servi. Le temps de germer, de peaufiner, de regarder en silence et d’emmagasiner. Elle le dit, elle préfère prendre le temps; tout à son honneur. Mais ne restez pas trop loin de la pendule. Il semblerait qu’un premier EP, qui sortira chez InfINé, ne soit vraiment pas loin…