On t’avait fait découvrir Mcbaise via notre Smooth Monday #102. On a profité d’une escale à Londres mi-janvier pour rencontrer 3 des membres du groupe. Mcbaise nous a fait découvrir son univers autour de quelques bières dans un pub dans l’Est de Londres. On a découvert l’histoire de cette bande relax de potes français installés à Londres. On a balayé toutes les questions existentielles qu’un groupe pouvait se poser, et on t’a tout balancé ici, bonne lecture !
♦ Lire l’interview en musique avec la playlist concoctée spécialement par Mcbaise ici : La Playlist de Mcbaise pour La Fessée Musicale ! ♦
Mcbaise : un « glory hole » d’influences sensuelles et sexy
Mcbaise ça a commencé comment ?
Nous on se connait depuis 15 ans avec Pat’ qui joue la basse, Elliott au synth et Greg qui était notre premier colocataire quand on est arrivé à Londres. Aujourd’hui on joue avec un autre guitariste (mon frère) ainsi qu’un pote qui nous enregistre et qui fait les claviers. On a d’abord monté un groupe de rock il y a 6 ans : les Dead Pirates. Entre temps j’ai découvert d’autres genres de musiques, j’avais envie de sortir le côté « sucré » de Dead Pirates. Mcbaise est donc un peu né de mes influences comme Connan Mockasin, Mac DeMarco, Mild High Club ou encore HOMESHAKE (voir la playlist). La grosse différence avec Mcbaise c’est qu’on a du apprendre à jouer avec un tempo beaucoup plus lent, à jouer de manière plus subtile, avec plus de groove. On bosse beaucoup là-dessus en ce moment.
Comment vous composez ?
Mcbaise c’est moi tout seul. Je compose les morceaux et ensuite je les partage avec les gars. Je joue donc tous les instruments sur les enregistrements sauf la batterie sur quelques uns. Le reste du groupe entre en jeu quand il s’agit d’apprendre les morceaux, et là c’est plus difficile qu’avec Dead Pirates. En effet c’est plus subtil, ça leur demande d’être au niveau ! Côté enregistrement tout a été fait dans un studio de répétition qu’on avait loué pendant une semaine. On a acheté tous les micros et on a fait ça en mode garage. On a enregistré tout l’album comme ça.
Vous aviez pas envie d’aller en studio comme beaucoup de groupes ?
Le problème avec le studio c’est que c’est le rush permanent. Le mec qui t’enregistre, c’est son taff. C’est rare de trouver quelqu’un qui capte ton délire en plus. On a même rencontré un connard il y a 3/4 ans dans un bar quand on buvait un coup. En fait c’est lui – Alexis – qui nous enregistre et qui fait aujourd’hui que Mcbaise sonne comme Mcbaise. Il capte totalement notre délire. C’est lui qui nous mixe. Il nous enregistre sur bande en analogique, il dit que c’est super cool. Moi je trouve que c’est inutile mais c’est cool. Et puis c’est dur d’avoir le son que tu veux, on est pas là pour faire du Peter Gabriel tu vois.
Et niveau matos ?
On est des mongoles au niveau du gear. On a le gear d’un groupe professionnel. J’ai énormément de pédales d’effet, trop de pédales d’effet. On a le matos d’un groupe qui tourne depuis des centaines d’années. On investit dans du matos, dans des vinyles qui coûtent chers alors que ça sert à rien, des cassettes, … Le côté financier ne vient jamais gâcher le côté artistique. On a tous des taff à côté et on perd tous nos cheveux, sauf Greg vu qu’il est dans la finance. Mais bon, on peut quand même dire que notre affaire est presque lucrative aujourd’hui !
Ca vous fait pas chier d’être comparés au « Nouveau Mac DeMarco ? (référence à un article publié sur Nova, ndlr)
Moi ça me fait plaisir, c’est très flatteur. Le problème c’est pas comment nous on le prend, c’est plutôt comment les gens réagissent. Et clairement c’est pas nous. C’est comme si tu faisais du rock et qu’on t’appelait les nouveaux Queen of the Stone Age. C’est juste non ! La barre est trop haute ! Notre point commun avec Mac DeMarco est pas tellement musical en fait. On apprécie surtout le fait que le mec continue d’être vrai et de faire la musique qu’il aime, même s’il est victime de son propre succès.
L’histoire de leur album The Windowsill (2017)
Parle-moi de ton album The Windowsill !
Tout l’esprit de Mcbaise ce sont des albums que j’écris quand je rentre chez moi à Cannes à Noël. Imagine un peu une ville balnéaire, un peu comme Miami avec les palmiers et les beaux jolis couchers de soleil. Sauf que les gens sont déprimés en fin d’année. C’est un peu comme une scène post-apocalyptique. J’aime bien l’idée de faire de la musique sexy à Noël qui rappelle l’été, dans un endroit marqué par l’été. Je suis fan des ambiances de fin d’année, un peu déprimant avec la famille, les réflexions racistes de papi etc… L’album est très inspiré de ces moments-là. The Windowsill est un album totalement ironique tu l’auras compris. L’ironie c’est la seule façon que j’ai de m’exprimer. Je trouve que c’est super dur de garder une ligne sérieuse, mais pas trop non plus. J’aime bien les trucs marrants mais je ne veux pas que les gens rigolent en écoutant ma musique. J’essaye de me situer dans une ligne entre Patrick Bruel et Patrick Sébastien en gros. La ligne des Patrick en quelque sorte.
Quelle est l’histoire derrière les titres de l’album ?
Le Jardin par exemple, c’est juste l’histoire d’un connard qui a perdu ses clés dans un buisson. Si t’écoutes les paroles c’est un mec qui les perd dans un parc et qui les retrouve pour ouvrir la porte de sa caisse. C’est super profond. Les gens vont pouvoir l’interpréter comme ils veulent, chacun peut y voir des métaphores, pas moi. Je trouve que les paroles dans mes morceaux sont plutôt accessoires : c’est la musique le plus important. La musique doit être spontanée. Je respecte les grands textes, mais dans ma musique je recherche plutôt quelque chose qui sonne bien.
Le Paradis du Cuir c’est juste un magasin dans le sud où tu peux acheter des canapés. L’esprit zone industrielle. 610 c’est une ligne de bus que j’empruntais pour aller de Grâce à Cannes. Pour les gens qui sont restés là-bas c’est pas drôle. C’est un peu comme Florent Pagny et son Châtelet Les Halles, c’est pas drôle pour les gens dont c’est le quotidien. Las Planas c’était l’endroit où mes grands-parents habitaient. Montesso c’est un magasin de jouets à Nice où je passais tout mon temps quand j’étais gosse…
Mcbaise et le Sud : une histoire romantique…
Mcbaise c’est un peu un règlement de compte avec le sud non ?
Ouais car je continue à y aller chaque année. Je suis un mec du sud qui habite à Londres mais qui déteste le sud. Je chéris le sud d’une façon que le sudistes détestent. Par exemple j’ai un bar à côté de chez moi qui passe du jazz, et le mec a mis du pastis à la carte juste pour nous. C’est un peu ça notre kiffe ultime. On s’est réapproprié le pastis en quelque sorte.
Quand j’ai quitté la France, j’aimais pas le pastis, pas fan du sud en général. J’ai maintenant créé une sorte d’image romantique du sud. Je me serai tiré une balle là-bas quand j’avais 18 ans. Alors qu’aujourd’hui je vois ces endroits différemment.
Pourquoi ne pas chanter en Français ?
Je trouve que c’est plus intéressant de chanter en Anglais, j’ai pas envie de me faire chier. Je trouve ça moins musical pour ma musique. J’aime bien faire gaffe à ce que les mots s’enchainent bien. T’as peu de Français qui réussissent à faire ça. Julien Clerc fait parti des rares a avoir réussi ça. Il a trop géré avec son «Ouh, matez ma métisse ! Ouh, ma métisse est nue ! » C’est génial. Non mais sérieusement ce mec est une merde. On s’en bat les couilles non ? C’est le connard qu’on invite à la télé tous les 6 mois pour lui demander ce qu’il est en train de faire. Ce à quoi il répond : « ah, rien, je baise des meufs à la Baule ! » . Il y a pire… Mais bon je dis juste que l’allitération qu’il a faite est bien foutue quand même. En plus si on chantait en français on pourrait pas marcher ici ou à l’étranger.
C’est facile pour un groupe français de jouer à Londres ?
Il y a pas mal de promoteurs qui veulent pas trop entendre parler de nous ! En fait il y a 2 ans tu pouvais louer n’importe quelle salle pour faire ta soirée, c ‘était plutôt cool. Le problème c’est que les salles se sont mises à fermer les unes après les autres et les promoteurs ont mis la main sur les quelques salles qui restaient. Si tu veux être booké aujourd’hui, il suffit d’avoir le public. C’est le plus important. Tant que tu as des gens qui te suivent, les gens viendront te chercher.
Mais bon on peut mourir tranquilles, on était quand même dans le journal de 13h sur France 2 l’autre jour par dessus un documentaire sur la Chine ! Un pote nous a appelé pour nous prévenir. On a aucune idée de comment c’est arrivé, aucune. Nous ça nous a fait mourir de rire. Ca veut dire que potentiellement notre musique a été utilisée dans M6 Boutique, avec le Paradis du cuir ! Mon rêve ça resterait dans Top Chef. Aujourd’hui on passe sur Nova pas mal, on passe sur FIP aussi, c’est très cool.
Vous avez monté votre label Dirty Melody Records, peux-tu m’en dire un peu plus ?
Ouais on a notre label Dirty Melody Records et on organise nos propres soirées. On produit aussi quelques groupes comme Meat Candy, c’est un groupe de rock psyché dont on est fan. Ils sont encore assez jeunes, ils ont la rage. Tout ça c’est parti du constat qu’on avait envie de faire nos propres soirées avec la musique qu’on aime pour les gens qui ont envie de l’écouter. T’as beaucoup de soirées chères avec de la musique de merde à Londres. Quand on jouait avec promoteurs les soirées étaient moisies, car ils faisaient ça pour l’argent. Ce qui est compliqué aujourd’hui c’est d’être un groupe avec des instruments et du matos. Alors que quand tu débarques avec un laptop c’est tellement plus facile. Alors que nous déjà il faut un van …
On met tous les main à la pâte pour le Label. Pat’ c’est celui qui insulte les salles qui veulent pas nous faire jouer. Le but n’est pas tellement commercial dans tout ça. On a tous accès aux mails, même si je m’assure que financièrement on soit à l’équilibre. C’est plus de fun qu’autre chose. C’est cool car ça nous a appris à faire tourner un label. On est pas juste un roster avec des artistes, on est pas juste une vitrine. On finance les enregistrements des groupes qu’on signe. C’est pour ça aujourd’hui on en a pas énormément, car on les accompagne un max.
Mcbaise : le futur du groupe
Est-ce que vous avez envie d’en vivre ?
Je suis en train d’entrevoir comment dans un an on pourrait en vivre. On fait à peu près 2 semaines de tournée par an. On pense que si on faisait ça 6 mois par an on péterait un câble. On veut pas créer de tensions, on est une bande de potes et ou a tous des copines. Mais on s’en sort pas mal. De toute façon aujourd’hui il n’y a pas de secret. Faut juste jouer et se faire plaisir et pas perdre trop de thune dans tes deals. Si tu fais des bons concerts et que t’as la bonne attitude c’est bon. Il faut juste tenir la distance. Si t’es pas juste content de jouer en live la musique que tu répètes ça ne marchera pas. Notre objectif ça a toujours été de sonner au mieux en concert, sonner comme dans une bonne répète. Et c’est pas donné.
Des concerts de prévu bientôt ?
Oui on aimerait bien faire des festivals cet été, même si des fois le son est pourri. Mais on peut toujours avoir des bonnes surprises ! On a quelques plans en Amérique du Sud, on pourrait avoir quelques dates là-bas. Cet été on a fait une pseudo tournée avec les Dead Pirates en Argentine. Dès que tu passes là-bas vu que t’es étranger tu passes en tête d’affiche. Alors qu’en vrai on aurait du faire la première partie du groupe avec lequel on a joué. On aimerait bien y retourner en tant que Mcbaise. On a aussi quelques opportunités en France mais on ne peut pas t’en parler pour l’instant…
Quel sont vos plans pour le futur ?
Je suis assez excité sur le futur de Mcbaise. Je veux qu’on soit entrainés comme des mecs qui courent un marathon. On est un peu comme Leclerc, on veut avoir un bon rapport qualité/prix. On veut l’effet WOW ! Genre tu payes 5 balles, tu ressors de notre concert et t’es en mode « putain ! ». J’aimerai bien qu’on soit maxi rôdés et qu’on groove un max. On veut voir les gens danser. Quand tu vois les filles danser sur ta musique, c’est ultime. On veut faire des concerts, des bons concerts. De toute façon vaut mieux faire 3 concerts médiocres que 10 concerts médiocres ! On veut faire quelques concerts, mais des putains de concerts. De toute façon dans 3 ans on est tous chauves.
En attendant les prochaines dates annoncées en France tu peux suivre l’actualité de Mcbaise ici :
– Site web
– Facebook
Et un dernier clip pour finir en beauté, celui de Contesso, décollage imminent :